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Landes et zones humides : des espaces privilégiés de dortoirs pour la Grue cendrée.
Les landes rases de la région ont offert au moins jusqu’à la fin du XIX siècle de grands espaces propices au stationnement des Grues cendrées en cours de migration. Sans pouvoir l’évaluer, l’hivernage d’effectifs importants d’oiseaux s’opérait sur les landes rases humides et les zones associées de marais et de vastes lagunes. Félix Arnaudin en témoigne dans "journal et choses de l’ancienne landes", aux éditions confluence.
Ces milieux, particulièrement emblématiques de la région, ont subi une très forte régression à partir du XIXème suite au drainage et au boisement généralisé des landes.
On les retrouve aujourd’hui au niveau des sites de la défense nationale (camp militaire, terrain d’essais du CEA). Ils sont présents également au niveau de la périphérie de certaines zones humides littorales (Réserve de Cousseau) ou de marais intérieurs et lagunes landaises au sein du massif forestier. Il sont présents à l’état fragmentaire et généralement appauvri, au niveau de biotopes secondaires sur l’ensemble du territoire : parefeux, dessous de lignes électriques, bords de route.
L’espace des anciennes mines de lignite d’Arjuzanx représente un ensemble de premier ordre pour le stationnement des Grues cendrées en restant un site aménagé récemment. Ce sont ici les orientations de gestion vers la création de plan d’eau et d’espaces de quiétude qui sont déterminants pour l’espèce.
Le Camp militaire du Poteau ou champ de tir de Captieux
(sources Document d’objectifs Site Natura 2000 FR 7200723“Champ de tir de Captieux »)
C’est un site majeur pour l’accueil des oiseaux. Ainsi, 96 espèces ont pu être observées sur le site, dont 66 nicheuses. La Grue cendrée est l’espèce emblématique du site, qui accueille en hivernage près de 10% des populations européennes. Le camp du poteau présente également un intérêt majeur pour le Courlis cendré, notamment au niveau des zones de landes basses.
Situé dans la partie orientale du plateau landais, le champ de tir de Captieux, est un terrain militaire où l’activité est en grande partie aérienne. Il s’étend sur six territoires communaux (Retjons, Lencouacq, Luxey, Callen, Lucmau et Captieux), à cheval sur deux départements (Landes et Gironde). D’une superficie de 9175 hectares d’un seul bloc, il constitue une entité bien individualisée des terrains environnants, forestiers ou agricoles.
Les terrains, choisis dans une zone isolée et insalubre par l’Etat pour y créer un camp militaire et d’essais, sont placés à la tête de deux bassins versants principaux. Cette zone d’interfluve du plateau sableux landais, humide et marécageuse, avait du mal à maintenir l’activité pastorale, et l’implantation de la pinède demandait ici des travaux de drainage beaucoup trop dispendieux. Les travaux de drainage ont permis d’améliorer l’accessibilité mais ont malgré tout maintenu des paysages originaux reliques de l’ancienne lande pâturée, et que l’on ne trouve plus de nos jour qu’ici. A ces habitats landicoles sont associés des milieux hygrophiles de divers niveaux, naturels ou favorisés par l’homme comme les bassins artificiels.
L’intérêt du site repose sur les systèmes landicoles, et sur les dépressions humides ainsi que leurs systèmes associés. La répartition des milieux est la suivante :
systèmes landicoles, avec lande hygrophile
et lande mésohygrophile, et pelouses : 51 %
forêts résineuses, en grande partie sub naturelles,
et plus ou moins denses et homogènes et/ou en mélange : 28 %
forêts feuillus, à base de bouleaux, chênes, saules,
et pouvant être en mélange avec des pins 3 %
zones humides (lagunes avec substrat plus ou moins tourbeux) 0,5 %
plans d’eaux, souvent issus d’extractions anthropiques : 1 %
infrastructures diverses, incluant les pare feux, les zones d’exclusions… 19 %
Le site des anciennes mines d’Arjuzanx
Source : http://www.reserve-arjuzanx.fr/fr/bienvenue.html
Au cœur du département des Landes (40), le site d’Arjuzanx est né de l’exploitation et de la réhabilitation par EDF d’une mine de lignite.
Situé sur le territoire des communes d’Arjuzanx, Morcenx, Rion des Landes et Villenave, aux portes du Parc naturel régional des Landes de Gascogne, le site d’Arjuzanx s’étend sur 2 673 ha.
Les travaux de réhabilitation écologique et l’évolution naturelle ont donné à ce site une dimension naturelle remarquable et diversifiée avec des paysages forts en contraste, des habitats diversifiés et des espèces d’une exceptionnelle valeur patrimoniale. Le site est notamment devenu le plus grand site français d’hivernage des Grues cendrées.
Cette diversité tient en la présence :
de vastes plans d’eau ayant des caractéristiques écologiques particulières : acidité, pauvreté en éléments nutritifs notamment ;
d’un ensemble de mares appelées « bassines » ;
de pelouses sèches apparues spontanément sur les terrains argileux et / ou sableux ;
de landes humides, vestiges de l’ancien paysage des landes de Gascogne, sur les terrains non affectés par l’exploitation minière.
De nombreux habitats naturels ont été recensés parmi lesquels certains sont prioritaires à l’échelle européenne (Landes humides atlantiques méridionales à Erica tetralix, Erica ciliaris et Sphagnum sp., landes aquitano-ligériennes à Erica sp et Ulex minor, ...).
Ces milieux naturels composent des paysages variés et contrastés qui font du site d’Arjuzanx, un espace original et attractif.
Les espaces agricoles : territoire de gagnage des Grues Cendrées
La dernière grande évolution du territoire agricole des Landes a lieu au moment des grands incendies entre 1943 et 1954. Ainsi, près de 20 000 hectares de terres incendiées ne sont pas replantées en Pin maritime, mais servent à l’installation d’exploitations agricoles, sur lesquelles la culture de maïs s’imposera, du fait de ses performances de production liées à l’hybridation et aux systèmes de drainage et d’arrosage efficaces. Les terres agricoles traditionnelles sont souvent abandonnées.
Les vastes clairières agricoles de plusieurs dizaines voire centaines d’hectares créent aujourd’hui des entités à part entière au sein du massif forestier. Elles ne représentent toutefois que 10 % de la surface totale du territoire. Le paysage est caractérisé par des grands espaces dépouillés qui offrent des vues lointaines (plusieurs kilomètres), ponctués par les silos et les bâtiments d’exploitation, et parcourus par d’immenses pivots d’irrigation.
La culture du maïs domine mais à partir des années 1990, les cultures se sont diversifiées et les grandes étendues agricoles accueillent aujourd’hui : maïs doux, carottes, haricots verts, petits pois, asperges, pommes de terre, bulbes…
Enjeux environnementaux
Même très largement artificialisé et soumis au pratiques intensives d’agriculture, ces espaces favorisent la présence d’un cortège d’oiseaux hivernants (Pinson du Nord et Pinson des arbres, Pigeon ramier) et de leurs prédateurs aériens (Faucon émerillon, Faucon pèlerin, Epervier d’Europe et Autour des Palombes). Cependant, c’est surtout pour la Grue cendrée, que ces espaces apparaissent comme cruciaux.
C’est à partir des résidus de récolte de maïs grain (maïs récolté à l’automne) que les Grues Cendrées se nourrissent en hivernage. Le broyage des résidus de récolte facilite l’accessibilité de la ressource alimentaire au contraire de leur enfouissement par labour. Les opérations de déchaumage superficiel se situent entre ces deux pratiques pour la disponibilité des résidus de récolte
Sur les territoires de gagnage, une inconnue demeure la place relative de la culture du maïs grain dans l’assolement qui voit sa surface se réduire (ou se fragmenter) au profit des cultures légumières ne générant aucune ressource alimentaire pour l’oiseau.