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Victime de l’extension des cultures qui l’a chassée de ses sites de nidification, la grue cendrée a bien failli disparaître de l’Europe. Aujourd’hui protégée, elle bénéficie d’une large audience auprès du public qui attend chaque année de la voir passer lors de ses grands voyages migratoires.
ASSOCIÉE À DE NOMBREUX SYMBOLES
Image Grue symbolisée
Les grues sont, ou ont été, en Extrême-Orient, porteuses de nombreux symboles.
Leur caractère affirmé d’oiseaux migrateurs en a fait, en Chine, le symbole du retour cyclique à la vie. La grue joue ici un rôle comparable à celui de l’hirondelle en Europe, car elle signale l’arrivée du printemps.
C’est peut-être en raison de cet aspect cyclique ou bien à cause de sa longue durée de vie que la grue est également symbole de longévité. Les Japonais pensaient ainsi que les grues pouvaient vivre des milliers d’années. Cette longévité peut atteindre son plus haut degré, la grue devenant alors symbole d’immortalité. La monogamie des grues leur a aussi valu de devenir l’incarnation symbolique de la fidélité, non seulement sur le plan conjugal mais dans d’autres domaines.
Certaines grues asiatiques, comme la grue de Sibérie ou la grue de Mandchourie, sont la représentation vivante de la pureté, en raison de la blancheur de leur plumage.
Ailleurs, l’image de la grue n’est pas toujours aussi positive. En Inde, elle est liée à la traîtrise (sauf la grue Antigone), tandis que, en Europe, tantôt elle est synonyme de bêtise, tantôt elle voit son nom associé à une femme aux mœurs légères.
DÉTESTÉE ET ADORÉE
À travers le monde, les relations entre l’homme et les différentes espèces de grues sont très diverses. Dans certaines régions, les grues sont considérées comme des oiseaux susceptibles de porter atteinte aux cultures et ne sont donc guère appréciées par les agriculteurs qui les accusent de s’attaquer aux semis ou aux plantes en germination.
Ailleurs, les grues sont tolérées et protégées parce qu’elles n’entrent pas du tout en compétition avec les intérêts des populations locales. Parfois même, les autochtones tirent un bénéfice de la présence des grues. Ainsi, en Afrique de l’Ouest et dans celle du Centre, les grues couronnées (Balearica pavonina) sont-elles très appréciées dans la mesure où elles consomment des reptiles et des rongeurs. Certaines deviennent familières et concourent à débarrasser les villages de ces hôtes indésirables. Enfin, la très grande grue antigone (Grus antigone), une espèce sédentaire, bénéficie en Inde d’une efficace protection en raison de son caractère sacré et du fait qu’elle est censée porter bonheur.